Le syndrome de l’égo du danseur de Tango Argentin
Le syndrome de l’égo du danseur de Tango Argentin
Qu’est ce que le Syndrome de l’égo du danseur de Tango ?
Il s’agit en réalité d’un phénomène assez fréquent qui se caractérise par une forme d’hypertrophie de l’égo du danseur induite par une élévation de ses capacités de danse. Dit autrement, plus un danseur ou une danseuse de tango progresse, plus son égo tend à croitre : C’est ce que l’on appelle le syndrome de l’égo du danseur de Tango (S.E.D.T.).
Très souvent, la vitesse d’expansion de l’ego est même inversement proportionnelle à la vitesse d’apprentissage du Tango. Ainsi le « Moi » grandit et l’effet le plus perceptible consiste souvent dans un ralentissement de la progression du danseur à la faveur de son égo: Il devient alors ego-toxique !
Symptômes du syndrome de l’égo du danseur de tango
Tous les danseurs de Tango courent en permanence le risque de développer ce syndrome, néanmoins le risque semble statistiquement plus élevé si vous entrez dans l’une des catégories suivantes :
- Vous dansez le Tango argentin depuis plus d’un an,
- Vous ne prenez plus de cours de Tango,
- Vous avez passé plus d’un mois à Buenos Aires,
- Vous êtes connus et reconnus des autres Tangueras ou des autres Tangueros,
- On dit fréquemment de vous « il/elle à l’air bien »,
- Vous avez un niveau d’ambition et d’exigence élevé,
- Vous êtes considéré comme un apprenant rapide ou «naturellement talentueux»,
- Vous vous perfectionnez en étudiant la technique des Maestros et Maestras sur Internet,
- Vous ne dansez plus avec n’importe qui,
- Vous êtes considérés physiquement attrayants pour les autres danseurs/danseuses dans les Milongas.
Bien entendu, entrer dans l’une de ces catégories n’est pas la garantie non plus d’être atteint par le SEDTA (Syndrome de l’Ego du Danseur de Tango Argentin), mais préfigure que vous vous trouvez faire partie d’une population de danseur de Tango Argentin présentant un fort risque de développer cette pathologie à terme. Il vous faudra donc rester extrêmement vigilant !
Quels en sont les signes précurseurs ?
- Vous commencez à enseigner avant d’y être prêt, ou avant d’avoir été formé par un professionnel (lui même non affecté par le SEDT),
- Vous enseignez sans développer ou remettre en question votre propre pratique,
- Vous ne prenez plus de cours de Tango qu’auprès des grands Maestros et Maestras au sein de classes réservées aux professionnels et semi-professionnels,
- Vous privilégiez l’esthétique et les figures complexes à la technique pure,
- Vous n’entendez plus les critiques des autres, même constructives, en revanche vous avez développé un talent certain pour critiquer les autres danseuses/danseurs de Tango,
- Vous blâmez les autres pour une « mauvaise danse » et/ou êtes incapables de vous amuser avec un danseur de Tango de niveau moindre,
- Vous vous sentez le plus souvent supérieurs lors des Masterclass,
- Vous acceptez une tanda que lorsque celle-ci vous est profitable ou si elle vous valorise (apport narcissique).
Comment prévenir ou guérir le syndrome de l’égo du danseur ?
1. Tout d’abord en profitant de toutes les occasions qui se présentent à vous pour développer votre Tango
Il ne faut jamais croire que vous êtes «trop avancé(e)» pour une classe, même de base, ou que vous êtes tellement sur-qualifié(e) que vous n’obtiendrez rien en assistant à un cours de musicalité ou un atelier portant sur la technique. C’est un dès nombreux facteurs de stagnation dans le Tango Argentin, comme dans toutes formes d’apprentissages de façon générale. Par ailleurs, voici encore quelques autres conseils qui pourraient vous aider à soigner votre SEDT :
- N’hésitez pas à remettre régulièrement en questions vos acquis,
- Pratiquez le benchmarking (ou parangonnage en bon vieux français),
- Fréquentez les Practicas, ces lieux sont l’endroit idéal pour travailler et échanger.
2. Concentrez-vous sur votre propre apprentissage du Tango, plutôt que sur le niveau d’autres danseuses ou danseurs
Nous avons tous déjà rencontré des danseurs beaucoup plus préoccupés par les autres personnes en classe que par eux-mêmes. Lorsque vous faites cette critique des autres, vous ralentissez votre progression. Si votre partenaire n’est pas optimal ou dans une grande forme, travaillez sur la façon dont vous pouvez compenser le mouvement. S’il ou elle est trop rapide, travaillez d’avantage le suivi que le guidage même si votre partenaire est « dans la musique ».
De cette façon, vous progresserez rapidement, et votre ego reconnaîtra que, en se concentrant sur son propre apprentissage, on peut percevoir les manquements dans notre propre danse, contrôler toutes les crises de supériorité en plein essor et éviter la décompensation en pleine Milonga.
3. En évaluant honnêtement et en privilégiant les conseils provenant des professionnels du Tango Argentin
Les danseurs de Tangos Argentin sont souvent extraordinaires, mais à moins qu’ils ne soient qualifiés pour enseigner et, par le fait, qu’ils puissent être à même de ressentir la façon dont vous dansez, ils ne sont probablement pas les mieux qualifiés pour donner leur avis. Même si chaque danseur de Tango vous dit que votre danse est excellente (ou géniale), il y a probablement encore des milliers de défauts à corriger.
Privilégiez le regard critique des Pros, qui seuls sont en mesure de vous donner un retour sur vos progrès, vos faiblesses, vos qualités. Il est très tentant d’écouter tous les « vous êtes étonnants » et d’ignorer les « ce n’est pas encore ça », cela flattera généreusement votre égo mais ne vous aidera pas à progresser .
4. En reconnaissant les domaines sur lesquels vous devez vous concentrer le plus pour améliorer votre Tango (comme l’abrazo)
Ce n’est pas chose aisée que de recevoir les critiques et d’avaler des pans entiers de connaissances sur les domaines du Tango sur lesquels vous devez travailler, mais c’est un moyen infaillible de maintenir votre ego en échec. Si quelqu’un vous fait un commentaire (en particulier lorsqu’il s’agit d’un professionnel du Tango Argentin), sauf cas rares, vous devriez envisager qu’il puisse y avoir quelque chose de juste à en tirer. Être capable de prendre ces remarques est essentiel pour contenir l’ego et aller de l’avant en tant que danseur de Tango.
5. En se rappelant que vous n’êtes pas meilleur ou pire danseur de Tango que les autres, vous êtes différents
Il est facile et probablement parfois tentant de considérer un Tanguero ou une Tanguera moins expérimenté comme inférieur, mais essayer de voir au-delà de votre égo et de reconnaître que chaque personne présente possède des compétences différentes. Imaginez par ailleurs que ces derniers soient médecins, avocats, violonistes, comptables ou encore des génies de la réparation automobile ; Trouveriez-vous agréable ou sympathique que dans leur propre domaine d’excellence ceux-ci vous considèrent comme un idiot ou un être inférieur ?
Laissez votre ego reconnaître que, bien que vous soyez dans votre propre zone de confort ou bien que vous ayez des facilités, ils ont d’autres compétences dont vous pouvez vous inspirer pour apprendre plus sur votre propre pratique.
Personnellement, je suis particulièrement sensible au courage et la volonté dont font preuve bon nombre de danseurs et de danseuses dans leur apprentissage. Je suis même admiratif de cette forme de combativité qui pousse chacun à se dépasser pour apprendre ; Cela peut être incroyablement difficile et demande de dépasser bien des barrières quelques fois.
A l’instar d’autres danses de couples probablement, de part l’engagement intime que celui-ci implique, le Tango Argentin relève parfois d’un véritable défi. Les enjeux et les ambitions sont extrêmement variables d’un individu à un autre : certains pratiquent le Tango pour s’amuser, d’autres pour se détendre et passer un bon moment, d’autres tout simplement pour sortir de l’isolement…et souffrez qu’ils contribuent le temps d’une Milonga de partager cet amour du Tango avec vous !
Conclusion :
La valeur du danseur de Tango Argentin ne se mesure pas à sa compétence technique mais à son humanité. Alors amusez-vous, partagez et surtout, restez humbles en toutes circonstances !
A vos commentaires !
Adapté de l’anglais au Tango Argentin de l’article de Laura Riva (Dancer Ego Syndrome, and How To Keep Yourself Protected)
Pardon je voulais dire la blague de Abrazo sur « comment gagner de l’argent » et les danseurs de tango est proprement excellente!!! Elle est vraiment trop bonne!!! Merciii
Pardon je voulais dire la blague de abrazo sur comment gagner de l’argent et les danseurs de tango est proprement excellente!!! Elle est vraiment trop bonne
On ne peut pas trouver meilleure description de l’attitude de certains danseurs dans les milongas qui auraient plus à gagner en fréquentant les « prácticas » que les milongas. Je parle en tant que danseuse. Combien de fois n’avons nous pas croisé des hommes qui vous critiquent tout le temps et qui vous blâme à la moindre faute, quand ils devraient se dire « pourquoi n’arrive-t-elle pas à me suivre, est-ce vraiment de sa faute ou bien d’un manque de clarté dans mon guidage?
Mais le pire,comme il m’est arrivé une fois, est qu’ ils vous laissent tomber en plein milieu, non en plein début, dois-je dire, d’une tanda, alors qu’il ne s’agit pas d’une pratique mais d’une milonga! On devrait leur enseigner les codes de la milonga! C’était très blessant sur le moment. Heureusement pour moi il a pu se rendre compte quelque jours après dans une autre milonga que beaucoup de danseurs étaient ravis de danser avec moi et du coup il a du me présenter ses excuses. Quelle belle leçon pour lui, du moins je l’espère.
Bonjour! Je partage tout à fait l’opinion de la personne qui écrit l’article et surtout j’en prends une part pour moi car c’est un exercice difficile même pour un professionnel de se remettre en question…
En tout cas elle est excellente celle-là!!!
A propos des Codes de la Milonga, je profite de l’occasion pour vous inviter à lire notre article sur le sujet : https://www.even-tango.com/art/danse/codes-du-tango-regles-milonga/
Bon ça. Inspirant. Merci mais il y a fort à parier que les danseurs atteints de SED ne prendront pas la peine de lire l’article tant ils sont inconscients du mal qui les affecte et quand bien même ils devaient y être confrontés, ne se reconnaîtraient pas dans la description qui leurs est faite
C’est certain…et cela me rappelle une blague racontée par une amie du Tango : Tu sais comment gagner beaucoup d’argent rapidement ? Tu achètes un tanguero pour ce qu’il vaut et tu le revends pour ce qu’il croit valoir 😉
Un autre indice : Les personnes atteintes ont tendance à considérer que leur tango est Le Tango.
C’est pas faux ! Je ferai probablement un edit de l’article…
Drôle comme article…ça ne vise toutefois qu’une infime minorité, j’imagine. Encore que…
Dans le Tango comme ailleurs, tout est affaire de curseur ! L’égo est souvent la première chose que l’on met en jeux avant même d’arriver en Milonga. De là à en faire un mauvais usage, il n’y a plus qu’un pas. Tu ne crois pas ?